Gonesius Pietrus

Publié le par didier Le Roux

        Gonesius Pietrus est né à Goniadz (50 kms au Nord-Ouest de Bialostok - Pologne) au sein d’une famille rurale dans les années 1525 à 1530. Selon Szymon Budny (pasteur Arien ; 1550-1593), son vrai nom serait Giezek, mais utilisa différents noms et pseudonymes tout au long de sa vie : Piotr Z Goniadze ; Gonedzuis ; Conyza ; Pierre de Grudziadz ou encore Koniski.

    Ses parents l’envoyèrent dans un monastère où il deviendra prêtre et se distingua, bien que jeune encore, pour son implication dans une polémique entre l’Eglise Catholique Polonaise et le dissident italien Francesco Stancaro.
Apprécié pour ses qualités dialectiques, l’évêque Wilno Pawel Holszznski de Samagozia (région occidentale, le long de la côte baltique de Lituanie), envoya Gonesius P. en Italie, à la faculté de Padoue, pour parachever ses études, dans les années 1552 à 1554. Diplômé en philosophie, il résida à Padoue et professa pendant les années qui suivirent dans cette même faculté. De là, il fit la connaissance du professeur
Matteo Gribaldi Mofa qui lui fit découvrir les écrits de l’anti-trinitaire Michel Servet et accéléra son détachement du catholicisme.

    De retour dans son pays natal, après s’être tourné et converti vers le protestantisme et plus particulièrement vers la réforme calviniste, Gonesius P. rejoint l’Eglise Réformée Polonaise fondée depuis peu, dont
Jan Laski fut le principal fondateur et leader. Il devint également, l’un des pionniers de l’Anabaptisme polonais, après qu’il entra en relation avec des exilés d’Allemagne dont un grand nombre choisit de s’installer dans les villes de Pologne et de Moravie. Gonesius P. recevait de la part des anabaptistes les enseignements relatifs aux prises de positions de ses adeptes qui selon eux « un chrétien ne doit jamais accepter des fonctions publiques, politiques, de s’engager dans une guerre et le baptême d’un enfant ». Il fut aussi influencé fortement par les vues hussites (Jean de husse) qui soutenaient la modestie, une vie dénuée de richesses et le refus de la mondanité.

    Bardé de toutes ses convictions, Gonesius P. participa au synode de Secemin qui se tint le 22 et 23 janvier de l’année 1556.
Acceptant uniquement la foi apostolique, avec grand courage rejeta publiquement les symboles nicéens et anastasiens, s’opposant radicalement à la Trinité et la consubstantialité, les reléguant comme inventions humaines. Etayant sa position, il avance « Que seul le père est Dieu, le logos n’est pas le fils, mais la graine du fils, que l’homme Jésus a été transformé en Dieu, et Dieu ou sa parole dans l’homme est immédiatement le fils est identifié au père, alors les deux deviennent identiques ».

    Gonesius P. fut envoyé à Wittenberg au soin de Melanchthon, vif disciple de Martin Luter, pour tenter de le convaincre de ‘ses erreurs’ et de le ramener ‘sur le droit chemin’. Gonesius P. prépara un traité « De communicationne idionatum nec dialecta nec physica ideoque prorsus nulla » qui déstabilisa Melanchthon le qualifiant rempli de l’hérésie de Michel Servet. Dans l’incapacité de s’opposer aux fortes convictions de Gonesius P. , il refusa plus longtemps de le dissuader, le congédia et renvoya d’où il venait.

    Le retour de Gonesius P. en Pologne ne fut pas apprécié par tous, refusant toujours de se rétracter, au mois d’avril de cette même année 1556, il fut officiellement excommunié par le Conseil de la ville de Pinczow, considérant ses doctrines ariennes, et fut banni de Pologne pour un temps…
Pour autant, il y avait des défenseurs de ses idées, comme les nobles szlachtas de la province de Podlasie et des terres du grand Duché.

    Deux années après, soit en 1558, il est reçu par le prince
Radziwill Nicolas et réitéra ses convictions lors du synode de Brzeak en Lituanie, appuyant sur les doctrines anabaptistes, dont il venait de rendre visite aux membres de Moravie, lui valu une menace officielle d’excommunication. Gonesius P. lors de ce nouveau épisode trouva faveur d’un homme puissant, du nom de Jan Kiszka, magnat (propriétaire foncier), qui le nomma prédicateur de la ville de Wegrow (Wengrow) en Pologne, où se constitua la première église locale anti-trinitaire, et mis à sa disposition une maison d’impression permettant la promulgation de ses idées ariennes et unitariennes. Gonesius P. là édita son plus célèbre livre, «Du Fils de Dieu un homme, Christ Jésus». La création d’une vingtaine d’églises serait également à ajouter à son actif dans les territoires susdits.

    Ses idées politiques, morales et religieuses lui attirèrent un bon nombre de sympathisants, du clergé protestant notamment et dans une moindre mesure de la noblesse. Des conflits s’installèrent entre Gonesius P. et les différents magnats de la région qui n’apprécièrent pas ses idées basées sur l’égalité, le pacifisme et l’indifférence pour la vie mondaine. Il fut interdit aux membres de sa communauté, souvent considérés sectaires par l'église calviniste, de tenir n'importe quelle fonction officielle, de servir dans l'armée ou même de porter une arme. De plus, Gonesius P. fortement opposé à la servitude, mena des conflits constants et fur à mesure que le temps passait, les unitariens devinrent d’autant plus hérétiques aux yeux des protestants calvinistes pour l’induction de croyances anabaptistes. Jan Kiszka s’offusqua des positions de Gonesius P. et finira par l’expulser de Wegrow et brûla ses livres.

    En 1565, un schisme se produisit lors de la Diète de Piotrkow où l’Eglise Réformée Polonaise décréta l’exclusion des anti-trinitaires et s’en suivirent deux églises, l’une qualifiée majeure regroupant les protestants calvinistes orthodoxes et une seconde mineure composée d’unitariens et d’ariens.

    L’église mineure maintint les vues ariennes avec plus de modération, au moins jusqu’à la période de la mort de Gonesius P. , dont la date se situerait dans l’année 1570 ou le 15 octobre 1573 à Wegrow suite avoir contracté la peste, pour d’autres. Des historiens avancent qu’il n’est pas concevable de dater et de circonstancier son décès, pour manque total de preuves. Assurément, suite à l’arrivée de l’enseignement de Faust Socin dans l’année 1579, c’est vers L’Unitarisme que l’église mineure des frères polonais s’orienta définitivement.



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Le Roux Didier- Unitariens - © 2007 - 2008 Tous droits réservés
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Cliché : Blason de la ville de Wegrow : Sources ; Wikipédia Encyclopédie ; Dizionario di eresie ; Religious Encyclopedia ; Correspondance Unitarienne ; Profils de libertés ; Unitarian Universalist Historical Society : traductions de l’anglais et de l’italien vers le français par Didier

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